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Le Métavers, de quoi parle-t-on ?

Le Métavers, de quoi parle-t-on ?

Chronique par Jérôme Wallut, associé chez k-ciopé

Cette chronique risque de susciter quelques commentaires parce que nous avons chacun notre perception de ce que pourrait être le Métavers.

Donc, (je le rappelle en permanence à mes étudiants), je ne suis pas un universitaire, je suis un praticien curieux. Ceci n’est que MA vision du sujet et je serais ravi que vous veniez la contredire et/ou la compléter.

Je me suis réellement posé la question du Métavers en février 2022 lorsque j’ai dû aménager mon cours de Sciences Po (comme chaque année d’ailleurs) avec deux angles :

Pourquoi cet engouement subit maintenant ? Et de quoi parle-t-on ?

Pourquoi maintenant ?

Le « pourquoi maintenant » est important parce qu’il explique sans doute cette annonce en très grande avance de phase !

En septembre 2021, Francès HAUGAN, lanceuse d’alerte, révèle les ambitions stratégiques et manipulatrices de Facebook. Nous pouvons supposer que cet évènement est à l’origine de cette annonce.

En effet, l’annonce de changement de nom de la maison mère de Facebook en Meta en octobre 2021 est sans aucun doute un contre-feu. Il était destiné à baisser la tension sur ce sujet épineux du management de la donnée par les équipes de Facebook. Pour rappel, avant les rachats de Whatsapp et Instagram, Mark Zuckerberg s’était engagé à ne jamais croiser les données de ces applications avec celles de Facebook. Les départs successifs de Jan AKOUM (Whatsapp – avril 2018), Kevin Systrom et Mike Krieger (Instagram – sept 2018) pour conflits stratégiques sont le résultat de l’annonce du décloisonnement des données de toutes les applications détenues par Facebook.

Entre 2018 et octobre 2021, Facebook a mis en place des processus de gestion de la donnée personnelle de ses membres essentiellement destinée à générer du profit sans se soucier du reste (et de nous).

Bref, par cette action, Mark Zuckerberg souhaite occuper le terrain et les médias en faisant le panégyrique du Métavers (et ça fonctionne très bien, les médias sont fans de techno !). La réalité est que cette annonce est très en avance de phase. Le Métavers dans un usage commun et populaire, est très loin d’être une réalité.

De quoi parle-t-on ?

Un exemple de ce que peut être le Métavers est cette fameuse scène tirée du film Kingsman : the secret service (2014).

J’ai entendu parler de réalité mixée (donc de Métavers) en 2016 quand Rony Abovitz, le fondateur iconique de Magic Leap, racontait lors de ses conférences cette nouvelle génération de l’internet. Rappelez-vous comment il nous faisait rêver avec des démos de cachalot sortant du plancher d’un gymnase, avec ces lunettes « magic » censées poser l’image directement sur la rétine.

Metaverse-cachalot

En précurseurs du sujet, ses équipes imaginent l’ergonomie qui permet de faire fonctionner cette nouvelle réalité et publient 180 pages de brevets !

Après avoir levé des milliards, Magic Leap n’a pas vraiment été le succès attendu… Rony Abovitz n’en reste pas moins un visionnaire et ses idées sont celles reprises par Mark Zuckerberg.

Le Métavers sera la troisième génération de l’internet.

La première était celle du clavier de nos ordinateurs, son support était essentiellement le web et ses icônes : Google et Wikipédia.

La deuxième génération est celle de nos doigts tapotant et glissant sur les écrans de nos smartphones avec les applications comme nouvel usage et les réseaux sociaux comme exutoire.

La troisième se déroulera devant nos yeux avec nos mains et notre voix comme outils de pilotage (et peut-être demain notre pensée).

2D ou 3D ?

Une définition (qui me va !) :

Le terme de Métavers (de l’anglais metaverse) provient du roman Snow Crash (Le Samouraï virtuel), écrit par Neal Stephenson en 1992 (Note de l’auteur – Neal a aussi inventé le mot avatar).

Un Métavers est un univers virtuel 3D ou monde virtuel créé artificiellement par un programme informatique et hébergeant une communauté d’utilisateurs présents sous forme d’avatars et pouvant s’y déplacer, y interagir socialement et parfois économiquement. Ils peuvent également interagir avec des agents informatiques.

Les univers virtuels 2D comme Second Life ou tous les univers de MMORPG (Jeux massivement multi-joueurs en ligne) comme World of Warcraft ou plus récemment Fortnite sont des univers virtuels permettant des interactions sociales limitées aux règles du jeu.
Mais ces univers de réalités virtuelles sont dissociés de notre réalité. Ils sont sur un autre plan. On les vit assis sur une chaise ou allongés dans un canapé. Le Métavers 3D est la juxtaposition d’une autre réalité mixée avec notre réalité.

Quels seront les usages sur le Métavers ?

Sans doute une expérience plus proche de celle que nous vivions dans la vie sans outil intermédiaire (ordinateur et smartphone).

Nos lunettes de réalité mixée seront les interfaces qui donneront accès à ces Meta-Univers « ubiquitaire » qui s’appellent les Métavers.

“A small glimpse at our future”. Cette image publiée en 2016 par Rony Abovitz raconte très bien cette notion d’ubiquité. Une personne dans une salle discute d’un objet virtuel avec une personne présente dans la salle et avec l’avatar d’une personne se trouvant ailleurs (il manque juste les lunettes sur les nez de chacun …).

Mark Zuckerberg est très ambitieux sur les usages dans ses vidéos de démo. Il raconte bien que nous ferons dans le Métavers ce que nous faisons dans la vie vraie mais sans limites de distance : des meta-univers devraient permettre une forme d’ubiquité, à savoir être à plusieurs endroits en même temps et sans se déplacer.

Et les avatars ?

Vous aurez le choix de votre représentation sociale. Mais si le Métavers est le prolongement de notre univers réel, votre avatar, ce devra être vous  ! Je partage avec vous l’expérience que j’ai vécu lors de Vivatech 2018. Vous entrez dans une capsule qui vous scanne et vous en ressortez avec un avatar animé… On ne rit pas, cela devrait s’améliorer !

Le Métavers 2D est-il utile ?

Des univers virtuels émergent : Sandbox, Decentraland ou Rolblox. Ils sont pour l’essentiel consacrés au jeu. Les marques tentent d’apprendre en réservant des espaces dans ces univers. Par exemple, Carrefour vient d’acheter 36 hectares sur Sandbox pour 120 Ethereum (300 000 €).

Considérons que ce sont des bacs à sable (Sandbox porte bien son nom) permettant de tester des hypothèses d’interactions et pour beaucoup de marques, l’usage de NFT

VOUS : C’est quoi les NFT ?

MOI : Je propose que cela fasse l’objet d’une prochaine chronique.

En résumé

Le Métavers dans son acception complète doit nous permettre de mixer notre réalité pour nous conférer une forme d’ubiquité dans tous nos usages. Les interfaces seront dans un premier temps des lunettes, mais ne nous emballons pas. En effet, comme le note Benoît Zante dans sa newsletter du 1er décembre 2022 :

« Nous pouvons noter un moindre enthousiasme (euphémisme) pour le Metavers lors du web Summit 2022 de Lisbonne par rapport à 2021. On ne peut que se réjouir de ce retour sur terre après les promesses dystopiques de Mark Zuckerberg & consorts. » 

Et si le Métavers 3D (le vrai) était annoncé pour 2027, même les employés de Meta semblent désormais ajuster leur discours :

« Nous pouvons ainsi citer Naomi Gleit, la Head of Product de Meta, qui a évoqué un horizon de 10 à 15 ans avant de voir des casques de réalité augmentée entrer dans notre quotidien« .

Annexes

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